J’ai murene, le merou… Je vous ai auparavant decrit des especes avec lesquelles la majeure partie d’entre vous n’ont jamais forcement d’affinite. Forcement, aujourd’hui, j’ai choisi de vous parler d’un animal marin qui a meilleure presse : l’etoile de mer. Pour autant, quelles sont vos connaissances sur cette derniere ? La plupart s’accorderont a dire qu’il s’agit bien d’un animal (enfin, j’espere…). Mais a quel embranchement appartient-il ? Mollusques, eponges, vertebres ? Ou paraissent les yeux ? Ou est la bouche ? Calm down, je suis ici pour repondre a toutes les questions que vous ne vous etes jamais posees. L’etoile de mer appartient a toutes les echinodermes (du grec « echino », epineux et « derm », peau, donc litteralement « peau epineuse »). Cet embranchement d’animaux presente une incroyable diversite et enfin, Afin de commencer par la base, ce post sera dedie a cette grande famille.
Mes echinodermes regroupent actuellement 5 classes :
- les etoiles de mer,
- des oursins,
- des holothuries (ou concombres de mer, qui malgre leur nom, n’ont que la forme en commun avec la cucurbitacee),
- nos crinoides (ou lys de mer, qui ressemblent veritablement a des chocolats sous-marines, comme nos comatules),
- des ophiures (dont le gorgonocephale, Astrospartus mediterraneus, litteralement « tete de meduse »).
L’un des plus anciens documents scientifiques au sujet des echinodermes remonte a Aristote. Dans son Histoire des Animaux (vers -343), il y decrit succinctement nos etoiles de mer et plus longuement nos oursins, ainsi, nomme un animal « holothurie ». Ce nom est conserve par la suite Afin de nommer les concombres de mer. « Animal legerement different des eponges, immobile, depourvu de perception, dont l’existence ressemble a celle d’une plante mais non attachee » (on voit beaucoup que pour lui non plus, votre n’etait nullement tres net). Le nom du philosophe va etre par la suite attribue a l’appareil masticateur des oursins, a travers une metaphore de son cru : la « lanterne d’Aristote ».
Mes echinodermes sont essentiellement benthiques (ils vivent via le fond, quel que soit la profondeur). Abondants au sein d’ l’ensemble des mers, ils peuplent autant les eaux cotieres que des grands fonds. On compte environ 7 000 especes aujourd’hui. Leur taille varie de quelques centimetres a plus d’un metre. (Oui, oui vous avez bien lu, plus d’un metre.)
Mes records
Notre plus long echinoderme connu est l’holothurie serpentiforme, Synapta maculata, lequel pourra atteindre 3 metres de long, pour seulement certains centimetres de large (et 1 poids tres limite, sa densite etant a peine superieure a celle de l’eau).
Mes echinodermes les plus lourds atteignent 6 kg : ce poids fut mesure chez certaines etoiles du genre Thromidia et l’holothurie geante Thelenota anax.
L’echinoderme vivant le plus profond reste vraisemblablement une holothurie (concombre de mer, si j’dois le rappeler), l’espece Myriotrochus bruuni collectee a 10 687 metres de profondeur, dans la Fosse des Mariannes (situee au sud du Japon, c’est sa fosse oceanique la plus profonde connue, environ 11 000 m de profondeur).
Une centaine d’especes en Mediterranee
Mes echinodermes sont exclusivement marins. Ils peuplent pratiquement chacune des mers du globe, depuis la surface jusqu’aux abysses. Ils font part des groupes d’animaux superieurs des plus representes dans les profondeurs abyssales. Ils jouent votre role majeur dans les processus biologiques des milieux benthiques, notamment en ce qui concerne le recyclage des dechets.
On compte une centaine d’especes en Mediterranee occidentale, toutes profondeurs confondues, reparties en :
- 22 especes d’etoiles de mer,
- 23 especes d’ophiures,
- 2 especes de crinoides,
- 22 especes d’oursins,
- 31 especes d’holothuries.
Question reproduction
Toutes ont des sexes separes. Cela signifie juste qu’il y a des individus males et des individus femelles. Mais il n’existe aucune difference morphologique externe visible entre les deux (ou dimorphisme sexuel). D’ailleurs, j’en profite concernant insister i ce niveau et vous annoncer que la couleur exterieure d’un oursin ne vous informe absolument gui?re sur le sexe. Si vous avez entendu penser qu’un oursin violet est une femelle, et un oursin noir, un male, eh bien c’est faux, desolee. (Chronique engagee : ca denonce, ca denonce !) La plupart des especes emettent une grande moult gametes (jusqu’a diverses millions d’?ufs vont pouvoir etre fecondes en une seule reproduction) : le sperme et les ovocytes sont liberes dans le milieu de maniere synchrone grace a un signal pheromonal. J’ai fecondation a ensuite lieu au hasard dans l’eau.
Petite parenthese : si vous observez un jour l’ensemble des concombres de mer se dresser autour de vous – ce qui peut etre limite inquietant de prime abord (oui, c’est du vecu !) – sachez que vous avez l”™occasion de tomber pile au moment de leur reproduction.
Mes larves planctoniques derivent en emplie eau, livrees a elles-memes, comme beaucoup d’especes marines. Apres quelques metamorphoses, elles se rapprochent du fond, s’y deposent et entament un derniere metamorphose en juveniles.
L’adulte, lui, est donc pose sur le fond (= benthique). Mes adultes ont la possibilite de etre fixes sur le fond (= sessile – attention l’ensemble des Cecile ne semblent gui?re fixees, dans le fond ca n’a rien a voir) ou ils se nourrissent en filtrant l’eau, ou capables de se deplacer (= vagile). Quelques ophiures et etoiles de mer carnivores seront meme capables de mouvements assez rapides.
Certaines especes ont adopte des modes de reproduction particuliers : autofecondation (oui vous avez bien lu, certains animaux marins paraissent capables de se reproduire seuls), reproduction avec division (chez les etoiles et les holothuries), etc. C’est le cas comme de l’etoile de mer epineuse, Coscinasterias tenuispina, qui est capable de regenerer une etoile entiere a partir d’un bien petit fragment de bras (on va pouvoir alors trouver dans l’eau une sorte de comete, une toute petite etoile avec un gros bras). Ce phenomene reste lie a un impressionnante capacite de regeneration (ou autotomie, deja abordee dans la chronique marine dans l’Elysie timide).
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